• "Lockwood et Co (1) - L'escalier hurleur" de Jonathan Stroud

    "Lockwood et Co tome 1 : L'escalier hurleur de Jonathan Stroud "Lockwood et Co tome 1 : L'escalier hurleur de Jonathan Stroud

     

     

     

     

     

     

     

     

     

             Éditeur en VO :   Disney-Hyperion                                         Éditeur en VF : Albin Michel                           Août 2014 - 416 pages                                                          Septembre 2014 - 440 pages

                                                            (Pour lecteur de tout âge, dès 11 ans)

     

    J'attendais ce livre avec impatience. J'adore la série des Bartiméus de l'auteur (La trilogie de Bartiméus et L'Anneau de Salomon), j'ai apprécié Les Héros de la vallée, ainsi que les trois autres livres de l'auteur, écrits il y a plus longtemps, assez étranges, riches en atmosphère surnaturelle, inquiétante à la limite de l'angoissante ("The Last Siege", "The Leap", "Buried Fire"). J'étais ainsi curieuse de savoir ce que l'auteur nous avais concocté là, même si les histoires de fantômes ne sont pas particulièrement ma tasse de thé.

    Ma curiosité a été récompensée !

    Jonathan Stroud a manifestement regroupé dans cette nouvelle série tout ce qu'il aimait : les ambiances surnaturelles, la littérature jeunesse (yes !!! au lieu de vouloir jouer au grand auteur en passant à la "vraie" littérature, celle pour adultes of course - ben non je ne vise personne - J.S continue d'écrire pour la jeunesse, la vraiment jeune et la plus vieille) et le parfum british, qui change agréablement des romans américains, aussi passionnants que soient certains. L'ensemble est très travaillé, l'auteur a visiblement pris le temps de tout bien peaufiner, ça fait plaisir...

    J'ai tout adoré de ce livre : le style, brillant comme toujours, l'histoire, très bien menée et cohérente, le monde et sa variante type uchronie british, la mise en scène soignée, les petits-détails-qui-font-tout, les personnages, à la fois typés et nuancés, l'ambiance, mi-sérieuse mi-désinvolte, très légèrement marquée de tristesse, et enfin la tension montante, qui finit sur une dernière scène d'horreur à la sauce fantôme vraiment très réussie !

    Le contexte est un peu flou : le tournant uchronique, une épidémie brutale de fantômes en Grande-Bretagne (et uniquement là semble-t-il), a eu lieu il y a une cinquantaine d'années (tournant appelée sobrement "The Problem", avec une bonne dose d'humour anglais !), mais le monde où évoluent les personnages ne connait pas l'informatique, nous devons ainsi être dans les années 80. L'ambiance fait un peu plus vintage, sans doute par le jeu des contraintes créées par ce danger permanent : couvre-feu, lumières anti-fantômes à tous coins de rues, brassées de lavande, vendeurs de sel et de limaille de fer, patrouilles de nuit, etc.

    On ne connait pas grand chose des fantômes finalement, principalement les grands axes découverts par un célébrissime duo de choc, de l'époque initiale. Mais ils peuvent tout de même être définitivement refoulés par des techniques dangereuses à mettre en oeuvre - les accidents mortels ne sont pas rares.

    Cette nouvelle vague d'apparitions n'a en effet vraiment rien d'une partie de plaisir ; les fantômes, outre les accidents qu'ils peuvent causer par leurs manifestations, sont dangereux par contact : leur toucher est mortel sans traitement médical rapide (sorte de nécrose bleue avec gonflement spectaculaire).

    Personne ne sait pourquoi les fantômes, connus de tout temps mais rares, sont devenues si nombreux, survenant un peu partout - attachés à leur "source", un objet, leurs restes, ou même un emplacement significatif.

    Enfin, si les adultes peuvent ressentir les fantômes (malaise, angoisse, dépression) seuls certains enfants peuvent les percevoir, par la vue, l'ouïe, ou le toucher d'objets, de matériaux.

    Ainsi, dans le monde imaginé par l'auteur, les enfants sont-ils les seuls à pouvoir combattre ces dangers, si réels et si mortels. Cet aspect, si souvent emprunté par les auteurs jeunesse, d'enfants réduits à un travail d'adultes, parfois exploités par ceux-ci et parfois gaillardement autonomes, est souvent bancal à mes yeux, artificiel, tiré par les cheveux. Ici le contexte le justifie pleinement, la cohérence est totale, pour un agrément maximum de lecture.

    La construction du livre agréable à suivre, avec une immersion immédiate, suivi d'une mise au point permettant de comprendre la personnalité de l'héroïne, Lucy (roman écrit à la première personne du singulier, J.S aime ses héroïnes !) et d'assister à la rencontre entre Lucy, Lockwood et George, l'étrange trio de l'agence Lockwood.

    Le flash-back (sans souffrance aucune, ne craignez rien, c'est court et très bien fait, car permet de répondre à des questions soulevées par l'intro) permet de comprendre comment Lucy est arrivée à quitter sa campagne natale, après une enfance typique, celle des enfants particulièrement doués, embrigadés très jeunes par les agences, d'abord pour les rondes de nuit puis, pour les plus brillants, pour les missions visant à anéantir les fantômes.

    Le récit reprend ensuite tambour battant, sans mollir, sans précipitation non plus ; c'est intelligent, drôle et distrayant. Les personnages sont intéressants, taillés dans des stéréotypes très vite nuancés, et les rapports entre les trois adolescents sont vraiment réussis, entre complicité, pinailleries, estime, blagues en tous genres et affrontements.

    Le récit est présenté comme une aventure, qui se clôture très bien, mais avec une petite entourloupe finale malicieuse qui annonce bien l'enjeu du tome suivant... que je viens de lire très récemment, et qui a tenu toute ses promesses.

     

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