• "Légion" de Brandon Sanderson

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        Éditeur en VO :  Subterranean Press                    Éditeur en VF : Livre de Poche

                    (Édition : Deluxe)                                           Traduction : Mélanie Fazi

                 Paru le  31 août 2012                                             Paru le 12 mars 2014          

                           96 pages                                                                   96 pages

     

    "Mon nom est Stephen Leeds et je suis parfaitement sain d'esprit. Mes hallucina-tions, en revanche, sont complètement cinglées".

    Voilà comment embraye cette courte histoire, nous présentant sans délai le personnage principal, un homme qui s'estime tout à fait ordinaire, mis à part une bonne dose de sens pratique, qui lui a permis de faire fructifier - son don/sa malédiction/sa maladie ? - de belle façon, lui permettant de vivre dans une belle maison aux 46 chambres.

    Ces chambres sont toutes occupées. Ou pas. C'est selon le point de vue en fait ! De celui de Stephen, chacune des chambres de sa maison accueille l'une de ses halluci-nations ('aspects') avec lesquelles il entretient d’excellents rapports, courtois et professionnels. Ses 'aspects' interfèrent entre eux, avec toutes les apparences de la normalité de personnages de romans, et participent au déroulement de l'intrigue du récit. Ils sont ainsi aussi réels à nos yeux qu'à ceux de Stephen, qui pourtant semble être aux yeux du monde un fou, un génie, une sorte d'anomalie magique ou même un affabulateur.

    Stephen vit seul avec son flegmatique majordome, ou alors vit avec son flegmatique majordome et une quantité d'amis aux caractères, origines, tempéraments et aptitudes variés.

    Quelle que soit la nature réelle de cet homme, pourvu d'une anomalie incroyable qui passionne le monde scientifique, les aptitudes de Stephen sont recherchées par de nombreuses personnes et parfois accordées, moyennant finances. C'est ainsi que se déroule l'histoire, de type enquête mâtinée d'action, où Stephen entraine une poignée choisie de ses 'aspects', quitte à en créer un nouveau en cas de besoin.

    L'histoire se dénoue bien, de façon satisfaisante, mais ce n'est pas elle qui a soulevé mon enthousiasme, mais bien le personnage de Stephen escorté de sa horde (il est surnommé, bien malgré lui, "Legion"). Le contraste entre la vue de l'intérieur et celle de l'extérieur est excessivement bien exploité, pour un effet aussi passionnant que drôle. Stephen (le récit est à la première personne du singulier, c'est important) note régulièrement l'effet qu'a son comportement - parler dans le vide, demander des sièges pour ses 'aspects', de l'eau invisible, etc. - déplorant d'ailleurs souvent la réaction négative, voire même dégoûtée, de ses interlocuteurs...

    Ce qui est passionnant dans cette idée, c'est que le cas de Stephen parait être, d'un point de vue médical, un état de schizophrénie atypique, avec la présence perma-nente des différentes personnalités, laissant un personnage principal très neutre, commun même. Stephen a sans cesse recourt à ses 'aspects' pour résoudre toutes sortes de problèmes, répondre à toutes sortes de questions, et se conduit comme un homme d'affaire bien entouré, qui sait gérer ses ressources humaines. Bien sûr, de l'extérieur, il peut paraître comme un charlatan super bien rôdé, ou alors comme un génie sans précédent !

    Brandon Sanderson a déjà montré à plusieurs reprises à quel point il était malicieux, et ce livre en est un bon exemple. C'est souvent très drôle, par des mises en scènes, ou par des allusions (le coup dans l'avion avec l’hébreu, qui rappellera quelque chose aux lecteurs du "Nom du vent" de Rothfuss), le personnage caricatural du fanatique garde du corps, le clin d’œil aux clichés de la romance, etc.

    Et, bien sûr, on devine l'amusement d'un auteur, pour qui ses personnages, qui vivent sous sa plume, ont autant de présence et d'existence réelles que les 'aspects' de Stephen pour ce dernier - en étant pourtant des personnages imaginaires, que personne ne verra jamais "en vrai"...

    Malgré le ton allègre et plutôt léger, les bases sont solides et le ton très crédible, permettant une immersion parfaite et un intérêt de lecture constant de la première à la dernière ligne. Je n'ai noté qu'une petite faute de scripte, et seulement sans doute parce que je suis maniaque.

    J'ose espérer une suite, un fil de la narration laissé traîner semble aller dans ce sens. Et ce serait bien dommage de ne pas exploiter plus cette équipe de choc ! Heureusement Brandon Sanderson semble aimer le travail acharné, et dédaigner le sommeil, le golf et les longues séances de méditation improductives.

    C'est bien ! Qu'il continue comme ça !!

     

                                                                                 

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