• "Singing the dogstar blues" d'Alison Goodman

       

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

     Éditeur en VO : Angus & Robertson Childrens (first publication)

    Paru le 22 août 1998

    240 pages 

      
    J'ai découvert ce livre en recherchant les livres de l'auteur, qui a écrit l'excellente doublon d'Eon (Eon et le douzième dragon / Eona et le Collier des Dieux). Je n'ai pas été déçue par ma lecture, pourtant très différente de la précédente. Les auteurs australiennes savent nous surprendre, ce n'est pas la première fois que je le constate !

    Le récit, à la première personne du singulier, est racontée par une jeune fille, avec un ton curieusement masculin : l'auteur étant une femme on devine que l'intention est volontaire, le personnage est d'une pièce, un peu brusque mais aussi, comme l'histoire nous le démontre, capable de beaucoup d'empathie et de loyauté.

    Le contexte est clairement SF : les aliens sont parmi nous ! Ou plutôt ils ont pris contact, tout à fait pacifiquement, depuis une douzaine d'années, et souhaitent maintenant procéder à un échange de connaissances : leurs capacités à voyager dans l'espace contre la toute nouvelle capacité à voyager dans le temps des humains. La nouveauté de voir des aliens parmi nous s'est déjà pas mal érodée, d'ailleurs les étudiants considéreront le personnage extra-terrestre avec un mélange de curiosité et d'indifférence méprisante typiquement ado !
    Avis à l'amateur pur et dur de SF : ces thèmes sont placés pour permettre le développement de l'intrigue, mais jamais justifiés d'une manière (pseudo) scientifique.
    Avis aux autres types de lecteurs : les qualités du roman compensent largement cette prise de liberté avec le genre !

    Le récit possède ses qualifications Young Adult : une jeune fille issue d'une famille dysfonctionnelle (mère riche, célèbre et qui a fait un choix contesté quand à sa conception - le thème est porteur dans le roman, un thème qui évoque Bienvenue à Gattaca), des problèmes de scolarité, des amis particuliers en ville et des ennemis très classiques parmi les étudiants et les profs. Les amateurs de roman d'initiation en milieu scolaire y trouveront leur compte.

    Joss, considérée avec méfiance tant par ses proches que par le corps professoral, est pourtant très motivée par ses études dans le prestigieux (l'argent de maman disent ses détracteurs) centre d'études historique - qui utilise bien entendu la machine à remonter le temps pour ses travaux, d'une manière très contrôlée et académique.
    L'année d'étude qui s'annonce demande de travailler par pair et Joss, à sa grande surprise, se voit choisie par le nouvel élève de l'université... Mavkel, un jeune extra-terrestre, choisi par les siens pour se former à la technologie humaine du voyage dans le temps.
    On découvre rapidement que Mavkel souffre lui aussi d'une situation atypique : son peuple, en plus d'être largement pourvu d'organes supplémentaires (oreilles, bouche, bras) nait et vit par paires. Ils sont tous télépathes, mais le lien par doublon est fondamental, vitale même. Pourtant, quand le doublon de Mavkel est mort, les autorités de son monde ne l'ont pas laissé mourir, se disant que celui-ci pourrait justement servir la cause...

    L'histoire est très bien tournée, pleines de rebondissements, de surprises et d'humour. Le contexte australien est bien rafraîchissant, la tonalité YA réussie, ni naïve ni cynique.
    Mais ce que j'ai préféré, et qui est exceptionnellement bien fait, est la manière dont est intégré l'alien dans l'histoire. Ses différences, tant physiques (ses oreilles !) que psychologiques sont habilement mises en scène, avec beaucoup de drôlerie, de finesse et d'empathie.

    En lisant la présentation de l'éditeur j'avais imaginé un alien très glamour, avec une possibilité de romance à la clé : il n'en est rien !
    Les Choriens sont hermaphrodytes (le moment où le malheureux Mavkel - qui n'a pas besoin de dormir au fait, grâce à ses deux cerveaux qui se déconnectent tour à tour - découvre pendant ses nuits d'études le "genre" et en réclame un, finissant avec "il", octroyé par Joss, est particulièrement amusant) ont un physique très bizarre, pas très attractif, une voix étrange (puisque la télépathie est leur manière privilégié de communiquer) ; Joss n'est d'ailleurs pas toujours très diplomate dans sa manière de donner des leçons de savoir vivre terrien à son colocataire !
    Pourtant une relation s'installe, une complicité, une amitié inattendue, qui se trouve renforcée quand un professeur tente de séparer le tandem. Joss comprend vite que Mavkel est dans un état de souffrance psychique aiguë : les Choriens ne sont pas faits pour vivre seuls, leur sorte de gémellité est un état naturel et Mavkel, qui a cru ressentir une résonance dans le mental de Joss, tente désespérément de retrouver cette intimité, cette fusion, avec la jeune fille.
    Bon, Joss compatit et cherche sincèrement à aider son nouvel et atypique ami. Mais cela ne veut pas dire qu'elle le fasse avec beaucoup de bonne grâce : Elle trouve Mavkel souvent trop collant et ne met pas toujours des gants pour lui faire comprendre !
    Ce traitement d'un E.T, qui loin d'être d'une intelligence froide inhumaine, est au contraire un être doux et pacifique (si ce n'est un peu envahissant mentalement), avide de contact physique, est très original et très bien traité ici, avec plein de d'humour et de tendresse sous le vernis bourru de l'adolescent, peu enclin à se montrer sentimental.

    Une lecture courte, addictive que je conseille à (presque) tous !

     

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