• "Les Chevaux Celestes" de Guy Gavriel Kay

    7113498Les Chevaux célestes

                    Éditeur en VO : Roc                                  Éditeur en VF : L'Atalante

                   Paru le 27 avril 2010                                       Paru le 19 juin 2014

                            573 pages                                                         656 pages

                                                                                       Traduction : Mikael Cabon

     

    "Les Chevaux Célestes" n'appartient pas au domaine de la fantasy, mais plutôt à celui de la "variation historique". Le contexte d'une Chine Impériale d'il y a mille cinq cent ans ans m'a semblé très crédible, malgré mon manque totale de connaissances sur cette période dans cette partie du monde. Ce roman, aux grandes qualités littéraires, fera le bonheur des bons lecteurs, toutes générations confondues, qu'ils soient férus d'Histoire ou tout simplement de bonnes histoires...

    L'ambiance n'est pas celle d'une épopée gigantesque, elle reste très intime, très introspective, sans nuire au rythme de la narration, qui est excellent. Le personnage principal, Shen Tai, est un jeune homme paisible et réfléchi, dont le tempérament se heurte régulièrement au poids des traditions, de son éducation, son enfance, sa famille... Son parcours classique de jeune homme de bonne famille est parfois ponctué d'une décision étonnante, voire même spectaculaire. C'est ainsi qu'il choisit, à ses risques et périls, d'honorer la mémoire de son père en transformant la période de confinement de deuil en une mission de dévouement inimaginable aux yeux de tous.

    Cette décision - de porter secours aux âmes des morts du dernier champ de bataille, qu'elles soient de son peuple ou de l'ancien ennemi - loin de l'exposer à l'opprobre et au châtiment, lui gagne l'admiration sans borne de tous.

    Une princesse de son pays, exilée par le mariage en terre si récemment ennemie, l'honore d'un cadeau qui défie l'imagination, 250 chevaux rarissimes, d'une valeur incroyable.

    Ce cadeau inespéré et démesuré arrache définitivement Tai à son relatif anonymat et l'expose aux turpitudes du monde politique, auxquelles il aurait, sans doute, préféré échapper...

    Dès lors, il doit utiliser son intelligence et les amitiés qui s'offrent à lui de façon souvent inespérée, pour rester vivant, tout simplement. Car tous les puissants dardent un regard concupiscent sur cette horde d'animaux mythiques, la vie du jeune homme n'ayant plus de poids qu'à leur regard.

    Le récit se déroule avec une lenteur pleine de finesse et de réflexions. Malgré le thème épique, la grande majorité du récit ne cible à chaque fois qu'une poignée de personnages : Tai la plupart du temps, mais aussi sa sœur, Li-Mei, au destin contrarié, les puissants de ce monde impérial, et aussi quelques personnages tertiaires, qui donnent une note originale à la trame.

    L'action ne survient vraiment qu'en fin de livre, après un déroulement tout en douceur que je n'attendais pas de ce livre, étant donné le thème de départ.

    L'ambiance est en accord avec la volonté de la presque totalité des personnages de vivre leur vie selon des principes d'harmonie et de traditions, s'épanouissant dans la musique et la poésie. La violence qui surgit parfois n'en est que plus choquante.

    Un importance particulière est accordée à la place des femmes dans cette histoire, mais uniquement celles qui bénéficient de la douteuse bénédiction d'être belles, jeunes et pour certaines, bien-nées.

    Cette aveuglement au sort des autres femmes, si nombreuses, et la fascination pour la séduction - autant naturelle qu'acquise - des beautés de ce récit m'a semblé curieusement naïf. Tai (et l'auteur peut-être également, je me suis posée la question) semble idéaliser la position des courtisanes, alors même que toutes les obligations de leur servitude sont exposées avec délicatesse et empathie.

    J'ai beaucoup aimé ce livre lors de ma première lecture en VO, voici quatre ans, mais je ne l'avais pas adoré, sans doute en raison du cadre historique, qui n'attisait pas particulièrement ni mon intérêt ni ma curiosité, et aussi pour une vague raison d'affinités. Pourtant, le temps écoulé, j'ai envie de le relire, un signe rare désormais - un signe qui souligne la qualité intrinsèque du récit, qui a su laisser son empreinte alors que les détails s'estompaient de ma mémoire, et qui donne sa place au roman sur ce blog de mes "best of".

    Ma seule expérience de l'auteur jusqu'alors avait été Tigane, un roman auquel je n'avais jamais pu accrocher et que j'avais lu péniblement ligne après ligne, page après page, sans jamais être ni émue ni passionnée. Sur des conseils avisés j'ai fait une nouvelle tentative avec "Les Chevaux Célestes" et je n'ai pas été déçue, trouvant dans ce roman toutes les qualités que les lecteurs enthousiastes de "Tigane" avaient notées.

    Pourtant, curieusement, les deux livres ont une ambiance similaire. Mais dans "Tigane" les personnages, sans être stéréotypés, étaient figés, leurs émotions, sans être clichées, étaient convenues, et l'ambiance du livre m'avait semblé bien plate, et sa lecture... poussive.

    "Les Chevaux Célestes" est d'un tout autre tonneau à mon avis, avec une écriture plus mature, et possède une personnalité qui échappait complètement à "Tigane".

    Cette conclusion est bien entendu le fruit de l'analyse que j'en ai fait pour expliquer ma divergence d'opinion entre ces deux lectures, et non pas un jugement absolu !

    Enfin, je n'ai pas encore eu l'occasion de feuilleter ce roman en version française mais, étant le soin habituel apporté par l'Atalante à ses traductions, je pense que la qualité ne peut qu'être au rendez-vous !

     

     

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