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Par Hélène Louise le 21 Octobre 2014 à 19:41
Éditeur en VO : Angus & Robertson Childrens (first publication)
Paru le 22 août 1998
240 pages
J'ai découvert ce livre en recherchant les livres de l'auteur, qui a écrit l'excellente doublon d'Eon (Eon et le douzième dragon / Eona et le Collier des Dieux). Je n'ai pas été déçue par ma lecture, pourtant très différente de la précédente. Les auteurs australiennes savent nous surprendre, ce n'est pas la première fois que je le constate !
Le récit, à la première personne du singulier, est racontée par une jeune fille, avec un ton curieusement masculin : l'auteur étant une femme on devine que l'intention est volontaire, le personnage est d'une pièce, un peu brusque mais aussi, comme l'histoire nous le démontre, capable de beaucoup d'empathie et de loyauté.
Le contexte est clairement SF : les aliens sont parmi nous ! Ou plutôt ils ont pris contact, tout à fait pacifiquement, depuis une douzaine d'années, et souhaitent maintenant procéder à un échange de connaissances : leurs capacités à voyager dans l'espace contre la toute nouvelle capacité à voyager dans le temps des humains. La nouveauté de voir des aliens parmi nous s'est déjà pas mal érodée, d'ailleurs les étudiants considéreront le personnage extra-terrestre avec un mélange de curiosité et d'indifférence méprisante typiquement ado !
Avis à l'amateur pur et dur de SF : ces thèmes sont placés pour permettre le développement de l'intrigue, mais jamais justifiés d'une manière (pseudo) scientifique.
Avis aux autres types de lecteurs : les qualités du roman compensent largement cette prise de liberté avec le genre !
Le récit possède ses qualifications Young Adult : une jeune fille issue d'une famille dysfonctionnelle (mère riche, célèbre et qui a fait un choix contesté quand à sa conception - le thème est porteur dans le roman, un thème qui évoque Bienvenue à Gattaca), des problèmes de scolarité, des amis particuliers en ville et des ennemis très classiques parmi les étudiants et les profs. Les amateurs de roman d'initiation en milieu scolaire y trouveront leur compte.
Joss, considérée avec méfiance tant par ses proches que par le corps professoral, est pourtant très motivée par ses études dans le prestigieux (l'argent de maman disent ses détracteurs) centre d'études historique - qui utilise bien entendu la machine à remonter le temps pour ses travaux, d'une manière très contrôlée et académique.
L'année d'étude qui s'annonce demande de travailler par pair et Joss, à sa grande surprise, se voit choisie par le nouvel élève de l'université... Mavkel, un jeune extra-terrestre, choisi par les siens pour se former à la technologie humaine du voyage dans le temps.
On découvre rapidement que Mavkel souffre lui aussi d'une situation atypique : son peuple, en plus d'être largement pourvu d'organes supplémentaires (oreilles, bouche, bras) nait et vit par paires. Ils sont tous télépathes, mais le lien par doublon est fondamental, vitale même. Pourtant, quand le doublon de Mavkel est mort, les autorités de son monde ne l'ont pas laissé mourir, se disant que celui-ci pourrait justement servir la cause...
L'histoire est très bien tournée, pleines de rebondissements, de surprises et d'humour. Le contexte australien est bien rafraîchissant, la tonalité YA réussie, ni naïve ni cynique.
Mais ce que j'ai préféré, et qui est exceptionnellement bien fait, est la manière dont est intégré l'alien dans l'histoire. Ses différences, tant physiques (ses oreilles !) que psychologiques sont habilement mises en scène, avec beaucoup de drôlerie, de finesse et d'empathie.
En lisant la présentation de l'éditeur j'avais imaginé un alien très glamour, avec une possibilité de romance à la clé : il n'en est rien !
Les Choriens sont hermaphrodytes (le moment où le malheureux Mavkel - qui n'a pas besoin de dormir au fait, grâce à ses deux cerveaux qui se déconnectent tour à tour - découvre pendant ses nuits d'études le "genre" et en réclame un, finissant avec "il", octroyé par Joss, est particulièrement amusant) ont un physique très bizarre, pas très attractif, une voix étrange (puisque la télépathie est leur manière privilégié de communiquer) ; Joss n'est d'ailleurs pas toujours très diplomate dans sa manière de donner des leçons de savoir vivre terrien à son colocataire !
Pourtant une relation s'installe, une complicité, une amitié inattendue, qui se trouve renforcée quand un professeur tente de séparer le tandem. Joss comprend vite que Mavkel est dans un état de souffrance psychique aiguë : les Choriens ne sont pas faits pour vivre seuls, leur sorte de gémellité est un état naturel et Mavkel, qui a cru ressentir une résonance dans le mental de Joss, tente désespérément de retrouver cette intimité, cette fusion, avec la jeune fille.
Bon, Joss compatit et cherche sincèrement à aider son nouvel et atypique ami. Mais cela ne veut pas dire qu'elle le fasse avec beaucoup de bonne grâce : Elle trouve Mavkel souvent trop collant et ne met pas toujours des gants pour lui faire comprendre !
Ce traitement d'un E.T, qui loin d'être d'une intelligence froide inhumaine, est au contraire un être doux et pacifique (si ce n'est un peu envahissant mentalement), avide de contact physique, est très original et très bien traité ici, avec plein de d'humour et de tendresse sous le vernis bourru de l'adolescent, peu enclin à se montrer sentimental.
Une lecture courte, addictive que je conseille à (presque) tous !
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Par Hélène Louise le 19 Octobre 2014 à 20:40
Éditeur en VO : Pamela Dorman Books
Paru le 1 août 2003
576 pages
J'ai eu un coup de foudre pour ce roman, que JKR aurait pu écrire après Harry Potter, si elle n'avait pas sombré du côté obscur de la justification littéraire.
Le premier argument que je pourrais avancer pour louer les qualités de ce livre est que les deux thèmes traités ne sont pas a priori de ceux qui me donne envie de lire un livre. Bien souvent les romans utilisant ces moteurs m'ennuient, leurs récits m'apparaissent hermétiques, abstraits, oniriques, compliqués, bref, pas enthousiasmants.
La comparaison avec JKR n'est pas une évidence flagrante. Ce n'est qu'après un bon moment de lecture que je me suis dit que de telles qualités narratives auraient très bien pu être attribuées au génie qui a écrit les six premiers Harry Potter : une narration très souple, un humour à fleur de page, d'excellents personnages, un côté sombre, macabre parfois même, mais jamais insoutenable, une imaginativité superbe, un souci dans les détails de mise en scène de la magie, qu'elle soit spectaculaire ou quotidienne, une facilité d'immersion admirable, une envie de continuer la lecture à l'infini, etc.
Hélas, JKR a choisi d'essayer de nous montrer qu'elle savait aussi écrire des romans sérieux pour adultes avertis et m'a laissé choir en cours de route comme une vieille chaussette de Lucius Malfoy...
Mais heureusement Emily Croy Barker était là !
Il semblerait que certains lecteurs ne soient pas arrivés à s'immerger dans ce livre, ou y avoir trouvé des longueurs : le terme me parait parfaitement inapproprié selon ma définition personnelle. Le roman est long, souvent calme, avec des scènes quotidiennes (qui, loin d'être inutiles, participent autant à la construction progressive du cadre qu'à l'évolution des personnages), mais sa lecture a été pour moi un vrai page turner. Pas de ceux dont les promesses de surprises vous font tourner fébrilement les pages quitte à penser en refermant le livre (le plus souvent en ce qui me concerne) : "oui, c'était pas mal, accrocheur c'est sûr, mais je ne le relirai jamais ni aucun autre des livres de l'auteur", mais de ces lectures merveilleuses qui jamais ne vous lassent.
En revanche, s'il vous faut beaucoup d'action (de guerroiements, d'échauffourées, d'escarmouches, de poursuite en voiture - ah pourtant il y en a une à dos de, de... enfin de quelque chose), de tension permanente, de douleurs exquises, de personnages immondes, bref, si votre tasse de thé est l'héroic fantasy et rien d'autre, ce livre n'est sans doute pas fait pour vous.
Techniquement le récit est irréprochable : le rythme est parfait, le style, sobre et littéraire, ponctué de petites réflexions pleines d'humour et de finesse, est un délice à lire ; les personnages sont intelligents, toujours un peu plus, ou un peu moins que le portrait de départ ne le laisserait supposer.
La tonalité, plutôt positive, étonne par certains partis pris (je ne veux pas spoiler, mais je pense à deux épisodes en particulier qui sautent courageusement à la gorge du lecteur !) ainsi que par sa malléabilité, alors qu'on passe en souplesse d'un état de fait à un autre (vague je sais, mais je ne veux pas gâcher les surprises). La manière de considérer la magie, comme un art demandant du travail, de la passion, de l'acharnement et du sens pratique avant toute chose, est à mes yeux un des grands atouts de ce livre.
Une des forces de ce roman, clairement de fantasy, est qu'il est manifestement écrit par quelqu'un qui a lu autre chose que de la fantasy avant de prendre sa plume. Le monde magique est classique dans ses grandes lignes, et évoquera bien d'autres lectures aux amateurs du genre. Mais l'art de raconter reste celui d'un auteur qui serait capable de retenir l'attention de son lecteur même sans avoir recours aux charmes indéniables de la fantasy. Les gammes sont connues, et d'ailleurs l'auteur s'amuse avec sa mise en scène, ne dédaignant pas nous envoyer sur de fausses pistes ou nous pousser du coude à l'occasion.
Ainsi, les lecteurs réguliers de littérature générale reconnaîtront parfois des allusions amusantes (comme celles au roman "Orgueil et Préjugés" de Jane Austen, assez peu fréquentes mais judicieuses, amusantes et aussi sans complexe, l'auteur partant du principe que le lecteur connait ce classique sur le bout des doigts !), des audaces narratives dans la manière de présenter des artifices de romance complètement décalés, et parfois même des clins d’œils malicieux. Ces derniers, d'une désinvolture charmante (comme quand l'héroïne, habillée en mode souillon, arrive à se faire faire des bottes neuves et les contemple toute la journée avec bonheur, du poulailler à la porcherie, en s'extasiant sur la façon, en regrettant de ne pouvoir les porter avec des collants et une mini-jupe, ou encore le moment où le grand magicien semble marmonner de sombre incantations qui ne sont en fait qu'un tombereau de jurons !) pourront peut-être désarçonner le lecteur pur et dur de fantasy, chagriné de voir ce noble genre ainsi taquiné alors qu'il semblait si bien pris au sérieux !
Pourtant ces notes d'humour ne font pas du roman une satire du genre, loin de là : la richesse du monde est impressionnante, les idées foisonnent (une pensée à Jonathan Stroud de temps en temps), la crédibilité de l'ensemble est excellente.
Et pour une fois, ô bonheur, l'héroïne n'est pas une gauche jeune fille, une beauté qui s'ignore, incomprise et torturée, qui va apprendre qu'elle a de formidables pouvoirs magiques, qui vont lui permettre de sauver le monde. Non, Nora est une jeune femme de près de trente ans qui se sait plutôt séduisante et qui, même si elle vient d'essuyer une brutale déconvenue à l'ouverture du roman, n'est pas malheureuse dans le monde où elle vit. Elle a souffert une perte dans l'enfance, a du mal à trouver sa voie professionnelle, mais assume plutôt bien tout ça !
Et, cerise sur le gâteau, elle ne se retrouve pas écrasée par le poids d'une grandiose destinée : c'est elle qui décide, tout simplement, que la magie l'intéresse et qu'elle va l'apprendre, aussi difficile que ce soit.
Cette partie apprentissage de la magie (soit de quelque chose qui n'existe pas et que l'on ne peut donc pas appréhender) est spectaculairement réussie : le travail acharné, la répétitivité, l'entraînement incessant, l'agacement devant les échecs, les détails amusant (la petite pluie agaçante qui tombe sur Nora, son très inconvénient "tic magique involontaire") et les lectures assidues de vieux livres et parchemins, tout ça sans ennui et avec une authenticité incroyable ! Ça vous rappelle quelque chose ?... Qu'est-ce que je vous disais en préambule !
Les amatrices de romance dans le sens le plus noble du terme (celles où l'on apprend à connaître vraiment les personnages et où l'on assiste à leur lente progression psychologique) se demanderont sans doute s'il en existe une ou non dans ce roman. Une chose est certaine, c'est qu'il s'agit bien d'une histoire d'amour - une histoire d'amitié pour commencer... et c'est déjà beaucoup.
Une seule chose me gêne dans ce livre : le choix de couverture et surtout du titre, qui évoque un récit léger, superficiel, façon chicklitt. Pourtant si ce roman est à mon sens très accessible, et à un très large lectorat, il démontre un travail approfondi, celui qui permet de mettre à portée du lecteur un ensemble foisonnant sans douleur aucune. D'ailleurs, il me faut évoquer ici un livre auquel il n'a pas été comparé dans son pays d'origine (et pour cause, il est français !) : La passe-miroir (Livre 1) - Les Fiancés de l'hiver qui, par de nombreux côtés, rejoint l'excellence de ce roman.
Enfin, si ce livre n'a rien de girlie, c'est tout de même une lecture moderne, assez féministe : Nora sait ce qu'elle veut, n'est pas pudibonde et si elle est assez intelligente pour faire ce qu'il faut quand il faut, retroussant les manches et se mettant à l'ouvrage, elle n'est pas non plus du genre à s'écraser. Et c'est très satisfaisant ! Elle reste une jeune femme moderne, intelligente, travailleuse et pleine de sang-froid. Avec beaucoup de drôlerie l'auteur nous prouve qu'une culture académique peut être utilisée avec brio et sauver la mise ! De plus, Nora n'a pas les petits défauts habituels, elle n'est ni agaçante ni mièvre (elle ne semble pas très sensible au bien-être animal, c’est dire !), c'est un personnage aisé à suivre.
La fin de ce roman enchanteur ouvre sur une suite qui, j'espère, ne se fera pas trop attendre...
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Par Hélène Louise le 16 Octobre 2014 à 14:44
Éditeur en VO : Orbit
Paru en le 7 octobre 2014
384 pages
Avant de lire ce tome 2, j'ai relu le premier, Ancillary Justice, avec le plaisir particulier que procurent les relectures de romans particulièrement brillants.
Au cours de ma lecture de ces deux romans, j'ai été frappée par l'exposition remarquable d'une intelligence et surtout d'une émotivité "autre".
Breq, One Esq Nineteen, ou encore Justice of Toren, rejoint la petite famille des personnages qui m'ont le plus marquée et émue.
Les thèmes de la série, traités en toile de fond, sont admirablement bien servis par l'évolution fine et lente des personnages, avec subtilité, sans jugement à l'emporte-pièce, sans jamais trancher :
La conquête peut-elle continuer sans cesse ? Que se passe-t-il si un point critique est atteint ? Quels sont les mécanismes de la décadence ?
Un humain qui a trouvé le moyen de devenir immortel, divisant à l'envi sa conscience dans ses corps connectés, corps sans cesse refabriqués par clonage, reste-il humain ? Quelle est la part de nos expériences dans ce que nous sommes et, par extension, l'humain pré-cité peut-il rester un et unique dans sa conscience, sa personnalité, ses décisions, alors que chacun de ses corps vit des expériences différentes ?
Une intelligence artificielle dotée de conscience de soi et de sentiments peut-elle vraiment rester une machine ? Ne devient-elle pas un être - si ce n'est humain - sensible, digne des mêmes libertés qu'un être humain ?
Que valent des règles qui décrètent que certaines personnes ou entités ont droit de vie ou de mort, de liberté ou d'esclavage, sur d'autres personnes ou entités ?
Comment se remet-on de traumatismes psychologiques graves, de la disparition de tout ce que l'on a aimé, d'une partie de soi-même ?
Être en permanence connecté, surveillé, est-ce synonyme de perte de liberté ou l'assurance d'être protégé ?
Dans ce deuxième roman nous suivons Breq, qui se retrouve, après une étonnante entrevue avec le "Tyran" Anaander Mianaai, Capitaine d'un vaisseau, Mercy of Kalr, vaisseau heureux de partager une intimité avec une ancillary, lui qui a perdu toutes les siennes. Envoyée en mission sur une planète et sa station orbitale, Breq ne tardera pas à flairer des anomalies, peut-être ou peut-être pas liées à la guerre civile qui menace d'exploser à tout moment...
Les différents aspects qui régissent ce monde inter-planétaire très lointain, tant sur le plan géographique que temporel, sont très bien exploités dans ce tome 2, laissant même la possibilité, une fois n'est pas coutume, d'étendre la série bien au-delà d'un troisième tome.
Le récit reste linéaire, sans les flash-backs du tome 1, mais aussi très riche, comme l'auteur, par une technique narrative renversante de fluidité, nous fait profiter de la vision étendue de la narratrice, qui est capable, via ses connexions avec son vaisseau, de surveiller son entourage à distance - jamais par indiscrétion, mais toujours par cette impulsion quasiment maternelle qu'ont les vaisseaux de se préoccuper du bien-être et de la sécurité des siens.
Ann Leckie écrit extraordinairement bien.
Par cela je ne veux absolument pas dire qu'elle fait des ronds de phrases (le style est celui de Breq, sobre, direct, terriblement émouvant dans sa retenue et son souci des humeurs de son entourage), ce n'est pas une prose poétique comme adorent certains de nos éditeurs français et certains lecteurs, dont je ne fais pas partie.
En revanche sa technique narrative, sa manière d’amener les choses, de mélanger sans jamais perdre son lecteur plusieurs fils de vision, d'exposer ses personnages, de nous surprendre par une description inattendue, est du grand art.
Une lecture à la fois étonnement complexe et très fluide, très addictive.Je n'en suis toujours pas revenue de ma facilité (passé les premiers chapitres du tome 1, où j'étais presque agacée, n'ayant pas encore compris l'importance fondamentale du choix de l'auteur) à accepter l'emploi du "she" pour chaque personnage. Un pronom qui se réfère à la personne, qui est une personne bien avant d'être un mâle ou une femme. Cet emploi cède parfois place aux pronoms habituels lors d’échange dans des langues où les deux pronoms ont persisté. Dans le Radch Impérial cependant, qui fait suite à une civilisation vieille de plusieurs, voire plusieurs dizaines, de millénaires, l'égalité des sexes, le physique devenu androgyne des personnes, l'acceptation complète de la sexualité hétéro ou homosexuelle, ainsi que les possibilités de reproduction ont conduit très naturellement à une population où le sexe génétique n'est presque jamais pris en compte.
Cette caractéristique étonnante n'est pas la seule, même si elle est la plus spectaculaire, à nous démontrer l'étrangeté de ces humains d'un futur très lointain, semblables à ce que nous sommes mais aussi très différents.
Cette exposition d'une société aux règles surprenantes pour le lecteur, mais parfaitement intégrées par les personnages, est très bien faite.Enfin, la tonalité de ce deuxième tome, pourtant sous-tendu par une tension permanente et ponctué de crises, est très jubilatoire. L'enthousiasme de l'auteur et son plaisir à faire vivre ses personnages sont contagieux.
L'humour est également très présent, un humour de situation surtout, dans l'impact des déclarations involontairement "deadpan" de Braq, les choix enthousiastes des décades du vaisseau (ceux de Seiverden, qui honorent leur Capitaine en chantonnant ses chansons préférées, ceux de Braq qui jouent les ancillaries avec une passion forcenée, évoquant des valets stylés très british d'un autre siècle), l'attitude délicieusement attendue du Médic, etc.
La manière imparable de justifier le profil de Breq (elle est très âgée, très capable, très expérimentée, très forte, avec une mémoire spectaculaire, une connaissance approfondie de la nature humaine, et maintient naturellement une façade impassible et stoïque en se comportant en ascète), profil qui ne peut manquer d'évoquer les héros super cools super sexy des romances ou des aventures rocambolesques, est très amusant, surtout dans la mesure où la narratrice n'en a nullement conscience :
" 'Fleet Captain is pretty fucking badass', says Seivarden, outwardly jovial."
(passage d'autant plus amusant que les dialogues dans la série sont très rarement grossiers, Breq ne s'adonnant pas - à son regret parfois - aux jurons : "Langage, Lieutenant !")En conclusion la toile de fond est drastique et résolument SF, mais la tonalité est celle d'une analyse sociale profonde, par exposition directe. Cette manière de favoriser les personnages avant tout, sans pour autant négliger le background, mais en mettant celui-ci au service des personnages plutôt que l'inverse, est pour moi le nec plus ultra dans un genre tel que celui de la Science-Fiction. J'aurais crains a priori être dans les seuls lecteurs (de part mes expériences littéraires, qui furent hors SF et Fantasy pendant très longtemps) à apprécier ce genre de traitement.
Mais l'accueil enthousiaste du public, ainsi que la pluie de prix décernés au premier tome de cette série, me font espérer l’avènement d'une nouvelle manière de renouveler la SF, sans rien inventer de neuf peut-être, mais dans une forme plus poussée, plus complète - tout simplement parfaite à mes yeux !
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Par Hélène Louise le 2 Octobre 2014 à 18:25
Éditeur en VO : Orbit
Paru en octobre 2013
432 pages
Tout lecteur fasciné à l'idée de comprendre une conscience, une intelligence, une personnalité profondément différente de la nôtre a de fortes chances d'être tout autant fasciné par ce livre que je l'ai été.
Ce sujet est souvent traité dans nos lectures, que ce soit à travers un trouble de la personnalité, un trouble psychique, ou dans un genre fantastique, en nous présentant une intelligence inhumaine, comme celle d’un dragon par exemple (j’y ai pensé parfois) ou bien une intelligence extra-terrestre, ou encore une Intelligence Artificielle, conçue par l'homme.
Ce dernier traitement nous interpelle depuis déjà plusieurs décennies, comme nous réfléchissons à l’idée de l’éveil d'intelligences supérieures à la nôtre, à la possibilité de leur prise de pouvoir et à la possibilité de l'éveil d'une conscience.
Ce premier roman d’Ann Leckie est étonnant : exigeant par le sujet traité, mais pourtant très facile à lire pour qui se laisse emporter, oubliant ses préjugés, acceptant le point de vue de celle qui raconte et se confie simplement, en exposant les faits, avec une retenue naturelle qui ne fait que renforcer la puissante des sentiments grandissants du lecteur.
Breq, la narratrice, n'est pourtant pas de sexe féminin. Ni de sexe masculin d'ailleurs, puisqu'elle est une Intelligence Artificielle âgée de plus de deux mille ans, l'esprit, l'âme d'un vaisseau militaire - ou du moins l'a-t-elle été.
L'humanité, la nôtre, est infiniment ancienne, ses origines ont presque sombré dans l'oubli. Une seule et unique puissance tyrannique (mais aussi très organisée selon un système de classes et avec une armée presque classique), le Radch, domine l'humanité essaimée à travers l'univers. Seuls les aliens pourraient peut-être la vaincre...
Durant des millénaires le Radch, et plus récemment le tyran Anaander Mianaai, a conquis brutalement planète après planète, anéantissant des peuples et leurs cultures sans sourciller, selon le principe que la souffrance intense et ponctuelle de chaque peuple serait ensuite récompensée par l'ordre idéal alors établi quelques générations plus tard.
« You see murder and destruction on an unimaginable scale, but they see the spread of civilization, of Justice and Propriety, of Benefit for the universe. The death and destruction, these are unavoidable by-products of this one, supreme good » nous explique Breq, qui ne juge pas et constate du haut de ses deux milliers d’existence non humaine.
La principale particularité de ce monde SF par ailleurs classique tient dans la nature de la présence omniprésente des « personnes » que sont les stations et les vaisseaux. En particulier les vaisseaux militaires, les « troop carriers », conçus pour la conquête, comme Justice of Toren, le personnage principal de ce roman, à la fois vaisseau spatial et l'intégralité de son propre équipage non gradé, constitué de centaines d'ancillaries.
Ces ancillaries, des corps jadis humains, ont été réquisitionnés lors de chacune des prises de pouvoir du Radch, puis stockés congelés dans les cales du vaisseau, en l’attente de leur utilisation future, quand il seront réveillés pour être soumis à l’intelligence artificielle : économique et si pratique !
Justice of Toren, une intelligence non humaine, parvenait parfaitement fort bien, il y a encore vingt ans, à gérer simultanément toutes ses fonctions et tous ses corps, son rôle de vaisseau et toutes ses « ancillaries », affectés par escouades à chacun de ses lieutenants, remplissant ainsi toutes les tâches possibles et imaginables, des plus complexes au plus vénielles.
Cette pratique, courante durant les millénaires de la conquête, répugne à beaucoup ; mais de toute manière, à mesure que la conquête s’apaise, les soldats humains remplacent peu à peu les ancillaries et cette forme d'organisation militaire est en voie de disparition.
Dans l'armée du Radch, la plupart des officiers ignorent autant que possible ces corps si peu expressifs qui s’empressent autour d’eux, comme les membres d’un staff hyper opérationnel, parfaitement coordonné – et pour cause.
Le Lieutenant Awn considérait presque ses ancillaries comme des personnes, semble-t-il.
Mais maintenant il ne reste plus que Breq, anciennement One Esq, l’un des ancillaries qui étaient affecté au Lieutenant Awn sur la planète Ors.
Le récit évolue pour la première partie en doublon, passant du présent - où Breq découvre un corps inanimé sur la glaciale planète alors qu’elle poursuit sa quête - et 19 ans plus tôt, sur l’étouffante planète d’Ors, où le Lieutenant Awn était en position d’occupation, en liaison avec la population locale, récemment soumise à l’autorité du Radch. Ors se trouvait alors être la dernière planète conquise, le Radch ayant décidé d’arrêter là son extension, satisfait de son empire.
Exceptionnellement cette lecture en deux temps ne m’a jamais gênée un seul instant : le talent de l’auteur est tel qu’il est très simple de s’y retrouver, et que les informations apportées par le récit du passé, de la période qui a conduit à Breq à ce qu’elle est, et à ce qu’elle fait, nous arrivent exactement quand il le faut.
Le début est intéressant, accrocheur puis devient, environ au quart, quasiment hypnotique.
Tout aussi exceptionnellement, je n’ai pas tardé à accepter le choix fait par l’auteur, très culotté pourtant avons-le, de choisir de choisir le pronom « she » pour chacun des personnages, qu’il soit mâle ou femelle.
En effet Breq, inhumaine bien qu’elle soit dans le corps d’une femme (on le devine, on la sait très robuste et endurante, mais c’est bien tout ce que l’on apprendra de ce corps-outil) ne fait pas bien la différence entre les sexes, par nature d’abord (elle nomme « she » les vaisseaux et par extension tous les humains avec laquelle elle interagit) et aussi parce que le peuple qui l’a créée est très androgyne et ne marque pas le dimorphisme sexuel, ni par le maquillage ni par la coiffure ni même par les maniérismes, nommant chacun de la même manière, repérant le sexe par de très subtiles nuances. Le fait que la plupart des personnages soient des militaires nommés par leur grade et leur nom ne facilite par le sexage par les éléments externes, fusse par leurs propres créations !
Et pourtant, contrairement au roman "Redshirts" de Scalzi (auteur de "SF" qui blurbe obligeamment sur la couverture, hommage réel ou effet marketing ?), dans lequel les personnages restent aussi inconsistants et dénués de sexe que du papier à cigarette de la première à la dernière ligne du récit, non seulement je n’ai pas été agacée de ne pas toujours connaître le sexe de chacun des personnages, mais je n'ai pas tardé à m’en moquer complètement.
Finalement, je ne voyais plus que la personne : sa personnalité, sa place dans l’histoire et dans la société, ses jugements, et enfin ses interactions avec l’intelligence - non pas froide et insensible, mais chargée d’émotions - qu’est l’héroïne inhumaine de ce roman fascinant.
Car les vaisseaux ont bien été créés avec des émotions, pour des raisons pratiques, que l’on comprend au fil du récit, et ceci malgré les risques encourus en cas de traumatisme affectif, lorsque les consignes données exigent que l’IA agisse contre ses sentiments, lui faisant courir le risque de sombrer dans la folie.
« Without feelings insignificant decisions become excruriating attempts to compare endless arrays of inconsequential things » nous explique-t-on logiquement.
Breq, bien qu’elle ne nous paraisse jamais humaine, est bien plus que cela ; et l’attachement que l’auteur nous fait éprouver pour elle / Justice of Toren / One Esq est incroyable.
« She laughed, as though I’d said something moderatly witty. "If that’s what you’re willing to do for someone you hate, what would you do for someone you love ?"
I found myself incapable of answering. »
Autre performance quasi magique : loin d’être embrouillés par la capacité de jadis One Esq / Justice of Toren d’être partout à la fois, l’auteur arrive à nous faire voir ce multiple point de vue sans souffrance aucune, et avec un tel naturel que c’est au contraire, alors que la situation change brutalement, que l’on se sent perdu, tout autant que l’est One Esq.
D’une certaine manière ce traitement m’a rappelée une lecture passionnante, quoique un peu trop ardue lors de certains passages pour être parfaite à mes yeux : "Un feu sur l'abîme" de Vernor Vinge.
Avoir vécu plus de deux mille ans offre un point de vue bien différent. Justice of Toren, malgré les obligations liées à son état, s’était trouvé une marotte, la musique. Elle collectionnait les chansons et aimait chanter, surtout One Esq, qui fredonnait sans cesse.
Le récit, à la première personne du singulier, est sobre, direct, efficace, teinté d’une certaine forme de naïveté qui parfois nous terrasse d’une simple phrase, terriblement choquante ou émouvante.
Malgré les thèmes pivots du roman, les mots « esclave » et « amour » ne sont guère employés plus d’une ou deux fois dans tout le roman…
La narration est d’une maîtrise remarquable. Sans effort particulier, le lecteur avance à la fois dans l’histoire et dans la compréhension – du passé et du contexte. Si fait qu’arrivé au point névralgique, au dernier quart du roman, où la situation se dénoue, il a en main toutes les données et les émotions pour apprécier les enjeux où Breq et son étonnant side-kick, Seiverden Vendaai, se débattent.
Cette dernière partie est étonnamment positive, malgré les circonstances dramatiques et la tonalité mélancolique, presque désespérée du récit.
Le personnage de Seiverden Vendaai, qui nous parait longtemps secondaire, comme la personne retrouvée mourante dans la neige à l'ouverture du récit, est l’une des nombreuses réussites incroyables de ce livre : par sa psychologie tout d’accord, montrant l’évolution d’un personnage immature et antipathique vers un être différent, mais aussi par la manière sublime dont il expose la personne de Breq.
Enfin, puisqu'il faut bien que je vous libère, afin que vous puissiez commencer votre lecture, le roman en lui-même est passionnant : il traite parfaitement chacun de ses thèmes, jonglant savamment avec eux, ne se contentant pas de les lancer un peu partout, les laissant s’écraser sur le décor après en avoir usé ponctuellement.
L’ensemble est très satisfaisant, la consolation vient alors qu’on ne l’espérait plus, tout comme la possibilité d’une suite, qui ne s’imposait pas mais qui, aux dernières pages, nous parait comme une récompense !
La suite, tout aussi brillante, Ancillary Sword, est sortie en octobre 2014. Un troisième tome est prévu, "Ancillary Mercy".
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Par Hélène Louise le 5 Juillet 2014 à 21:13
Éditeur en VO : Jo Fletcher Books
Paru le 1 mars 2012
400 pages
J'ai lu ce livre en aveugle, après avoir été littéralement emballée par "Le meilleur des mondes possibles" du même auteur, un roman SF d'une personnalité éblouissante.
(sortez vos lunettes de soleil, il va pleuvoir des superlatifs)
Très vite j'ai retrouvé la personnalité de l'auteur, son talent pour une écriture gra-cieuse, pleine de finesse, de générosité et de drôlerie.
Le style est d'une pureté époustouflante dans sa sobriété, littéraire sans aucune pédanterie (on note parfois des mots en français, parfaitement orthographiés, un signe de perfectionnisme qui rencontre ma pleine approbation !) et absolument délicieux à lire, me laissant un sourire permanent aux lèvres.
Il est bien difficile de glorifier un style brillant ; je vais ainsi, au fil de mon commentaire, vous gratifier de quelques citations qui m'ont ravie, vous saurez ainsi si ce livre étonnant est fait pour vous.
Pour ma part, je me suis surprise à avoir envie d'écouter une version audio de ce roman, sans doute après avoir entendu le trailer du roman (ici). C'est un roman qu'on a envie de lire à haute voix, à des enfants en particulier, en y mettant le ton !
La forme est étonnante pour un livre publié si récemment (2012) : une narration qui prend à témoin le lecteur (certains éléments en fin de livre nous laisse deviner qui peut être ce narrateur), un style délicieusement désuet parfois, une héroïne toutes en demi-teintes, en éclairages indirects, une ambiance de conte.
L'ambiance et le style m'ont fortement évoqué des lectures classiques, en particulier "Les Histoires comme ça" de Kipling et, pour le ton, le roman d'Alice au Pays des merveilles (mais sans l'absurdité permanente - "Redemption in indigo" est une histoire très agréable à lire, avec un fil directeur bien net) ainsi que tous les romans de Jane Austen, d'une manière générale.
Le plus extraordinaire dans ce roman est l'impossibilité à bien situer l'histoire, une impossibilité clairement volontaire, car parfaitement maîtrisée. Celle-ci se déroule - à l'exception de passages dont je ne vous révélerais pas la nature - en Afrique Noire, à une époque qui semble proche, mais dans une ambiance intemporelle. Le récit aurait pu s'ancrer sans doute partout dans le monde et n'importe quand.
Seule l'importance des légendes et croyances, si parfaitement intégrées à la narra-tion et considérées comme réelles par les personnages, signe un cadre où la superstition semble remplacée par la conviction générale que les êtres surnaturels et les pouvoirs particuliers existent bien, tout simplement.
Paama est le personnage central du livre, mais en toute discrétion.
"Do not think badly of Paama. She had never had any experience of being and he-roine, and she was not accustomed to other wordly beings threatening her loved ones."
Le personnage le plus haut en couleur (bleu, pour tout dire !) est un des "djombis" de l'histoire. Ces êtres surnaturels sont d'une nature subtile : un peu des démons, mais sans les connotations péjoratives, un peu des anges parfois déchus, parfois en voie de rédemption, parfois l'un après l'autre !
Leur forme peut être variable, voire absurde. Le narrateur ne manque pas alors de nous remettre les idées en place, avec fermeté, comme à propos du "Trickster", un autre djombi :
" 'Gentlemen, pardon me for eavesdroping'
It was a spider. He was a handsome specimen, standing well over a metre tall at the shoulder, and he had a slight tendency to gesticulate upwards with his front legs that made appear taller. His eyes were keen and deep, and radiated sympa-thy".
"I know your complaint already. You are saying, how do two grown man begin to see talking spiders after only three glasses of spice spirit? My answer is twofold. First, you have no idea how strong spice spirit is made in that region. Second, you have no idea how talking animals operate. Do you thing they would have survive long if they regularly made themselves known? For that matter, do you think and arachnid with mouthparts is capable of articulating the phrase 'I am a pawnbroker' in any known human langage? Think! These creatures do not truly talk, nor are they truly animals, but thet do encounter human folk, and when they do, they carefully take with them all memory of the meeting".
L'entrée en matière est assurée par l'absurde et ridicule personnage d'Ansige, le mari goinfre que Paama a laissé derrière elle pour rentrer dans son village natal, mais sans jamais s’appesantir sur sa situation, refusant de satisfaire la curiosité des villageois.
"There was something else about Paama that distracted people's attention from any potentially juicy tidbits of her past. She could cook."
Le pauvre Ansige, moteur de l'intrigue, victime de ses appétits, est aussi pitoyable que réjouissant :
"There are people who inspire others to reach lofty goals. Ansige was one of those. People got to know him, and it came to them in a flash of revelation that whatever it was that they wanted to be, it was not a man like Ansige, and they scrambled to occupy the opposite end of the accomplishment spectrum. People have heroes whom they imitate; Ansige was the perfect anti-hero. No one wanted to turn like him".
"What else could she [Ansige's mother] have done ? It is a heavy burden, as Paama's parents had found out, to find a worthy spouse for one's offspring, but how much harder the task and heavier the burden when not even love can hide from a doting mother's eyes the sad fact of her son's utter ineligibility!"
Cette dernière citation en particulier montre des accents Austiniens très amusants, d'autant plus que le lecteur comprend rapidement que dans ce monde matriarcal, il est admissible qu'une femme quitte son mari pour revenir chez ses parents, la tête haute.
Voilà pour l'ambiance, les thème de départ. Ce n'est qu'à la toute fin que j'ai compris où nous avait amené l'auteur, cette coquine ! Je ne vous résumerais pas l'histoire, ce serait gâcher votre plaisir de lecture. Sachez seulement que c'est brillant et étonnant de bout en bout, un conte plein de verve et de vie, qui a la carrure d'un classique qu'il mériterait de devenir... J'espère qu'il sera traduit, il le mérite mille fois et nous aussi !
"'Typical', Chance said in tones of deep depression. 'Give them a crisis and they must turn in a form of entertainment'"
"'This will be entertaining?' she asked doubtfully
'Some humans find it so. There will be no death, I promise you, but there will be severe embarrassment, which is but a small death of the ego'".
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